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Cristiano Codeço De Amorim
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But, love does cost something !
Curaté par KIMONO & Irwin Marchal
Avec le soutien de la Ville de Bordeaux et de l’aide individuelle à la création de la DRAC Nouvelle-Aquitaine (2025)
Pour sa programmation de printemps à la Maison Bourbon, l’association Kimono accueille la première exposition personnelle de l’artiste Cristiano Codeço De Amorim, intitulée But, love does cost something !.
Comme une réponse à la chanson de J-Lo (Jennifer Lopez) Love don't cost a thing, le titre de l’exposition nous rappelle qu’au contraire, le désir et l’amour ont bien un prix ! Et ce prix est souvent, pour tout un chacun, celui de l’émancipation et de la construction de soi face au poids des normes.

Originaire du Portugal, et né au sein d’une famille où la religion et le patriarcat occupaient une place centrale, l’artiste a très tôt ressenti la difficulté d'exprimer pleinement son identité, son homosexualité et la fluidité de son rapport au genre.
Désormais adulte, artiste et libéré des contraintes familiales, Cristiano utilise son travail pour explorer et questionner les mécanismes complexes qui régissent les rapports sociaux, politiques et amoureux via la sexualité, la mémoire, la religion, la culture populaire, la pornographie et les nouvelles formes de mise en scène de soi à l’ère numérique.

Le prix de l’amour, c’est par exemple le besoin d’anonymat et de discrétion des hommes qu’il fréquente et que l’artiste interroge au pied du lit dans la vidéo Only Fems. Leur incapacité à assumer pleinement et publiquement leurs désirs, leurs pulsions et leurs fantasmes devient alors un moment d’intimité psychanalytique touchant, révélateur des carcans qui brident les esprits et les corps.
Ainsi, à travers des installations qui recréent les intérieurs domestiques (salle de bain, chambre, salle à manger), les objets et le mobilier des lieux de son enfance et de son adolescence, mais aussi par le biais de dessins, de céramiques, de vidéos, ainsi que de pièces sonores et performatives, l’artiste déploie un paysage mémoriel, un va-et-vient temporel où se percutent souvenirs, éléments autobiographiques, témoignages et références populaires ayant participé à la construction de son identité pour mieux interroger, au-delà de sa propre expérience, notre rapport collectif à ces questions.

Avec But, love does cost something !, Cristiano Codeço De Amorim transforme la Maison Bourbon en un espace intime où chaque pièce, chaque détail tisse une même histoire : celle d’une quête de vérité face aux assignations sociales et familiales.
La salle de bain devient la métaphore d’un rapport intime à soi, un lieu de soin, de transformation, où l’on se maquille, où l’on se dévisage dans le silence de l’image que renvoie le miroir — entre apparence et introspection — et où les efforts pour se mettre en valeur aboutissent parfois à des déceptions relationnelles, affectives et intimes.
La salle à manger, imprégnée des vernis sombres du bois et inspirée des intérieurs traditionnels portugais, fait ressurgir l’atmosphère pesante des maisons familiales, où religion et normes se confondent.
Ces espaces domestiques, apparemment anodins, deviennent alors le théâtre d’antagonismes, où les représentations les plus crues du corps s’entrechoquent avec le poids du religieux, et où les enjeux identitaires prennent forme dans les objets du quotidien.

L’artiste convoque aussi pleinement la question du corps – du corps féminisé, hypersexualisé, fétichisé, fantasmé, où la féminité s’exprime, parfois à travers le miroir déformant et l’optique grossissante de la pornographie. En évoquant la pornographie non comme simple objet de désir, mais comme vecteur culturel influent, il met en lumière la complexité du regard porté sur les corps qui transgressent les normes à travers la féminité : à la fois désirés mais aussi contrôlés, cachés ou réduits à l’image. Son travail tend à opérer une reprise de pouvoir sur ces systèmes normatifs, en infiltrant ses propres codes, désirs et récits dans l’esthétique même de ce qui l’avait autrefois muselé.
Cristiano pose, pour cette exposition, un regard à la fois sensible et critique sur le non-dit, le refoulé, le non-assumé, la pression sociale – et montre comment, dans le dépassement et la déconstruction des murs d’hypocrisie que le patriarcat érige sans cesse, peuvent surgir l’épanouissement, la reconstruction et une joie éclatante, où l’enfant-chrysalide devient un adulte-papillon, coloré et virevoltant.
L’artiste ne cherche pas à provoquer, mais à ouvrir des brèches, à donner corps aux silences enfouis dans un geste d’ouverture et de vulnérabilité partagée.
L’exposition devient ainsi un lieu de réflexion collective, où l’amour est envisagé comme une force radicale, complexe, traversée de blessures et de désirs, mais toujours porteuse d’une promesse de transformation et de liberté.
Irwin Marchal
C'est quand que tu deviens un homme ?, 
2025, installation
Desire, I wanna turn into you (Welcome to my island, bitch)
2025, dessin : crayons de couleur, bic
Family portrait,
2025, installation
My love don't cost a thing,
2025, céramique émaillée
chtransfem,
2025, céramique émaillée
Fitness Park,
2025, céramique émaillée
While his girlfriend was at her parents house,
2025, céramique émaillée
Ta meuf sait que tu fais ça ?,
2025, céramique émaillée
OUI CHEF !,
2025, céramique émaillée
Secret garden,
2025, céramique émaillée
Entre couilles,
2025, installation
I love gay porn, I think it is really hot to watch two dudes touch each other because I love men and the only thing better than one man is two men when they’re touching and kissing each other, that’s so fun, um yeah, so, I love gay porn, um, let me know what kind of gay porn do you guys like in the comments
2025, céramique émaillée (vase)
Paraíso,
2025, installation
Heaven's door,
2025, céramique émaillée
Not today Satan, not today,
2025, céramique émaillée
Tu pourras mettre de la lingerie sexy stp ?,
2025, installation
ONLY FEMS,
2025, vidéo (20min)
Solo-show
@Maison Bourbon, Bordeaux 2025
Belle pour toi,
2025, installation
(Pretty 4 U)
© Florian Desplanques
Article par Samy Lagrange pour Projets média :
https://projets.media/cristiano-codeco-de-amorim/